Erasmus, l’épilogue
Avec la fin de ma présence en Finlande qui approche, c’est aussi l’aventure Erasmus qui s’achève pour moi. L’heure du bilan d’une année riche en moments passés dans l’harmonie d’une atmosphère plurinationale extraordinaire. A l’heure du départ, que puis je déjà retenir de toutes ces rencontres, ces échanges culturels et festifs ?
Année sérieusement joyeuse
Si je n’ai pas mis l’accent sur cet aspect dans ce blog, l’aspect festif, communautaire et amical de l’aventure Erasmus est bel et bien majeur, voire central. J’aurais pu, c’est vrai, relater chacun des moments festifs partagés. Mais, plus encore que l’ampleur de la tâche, c’est le désir qu’ils restent dans la part d’intimité de l’aventure – partagée seulement avec tous mes camarades présents – qui m’a dissuadé de m’étendre sur le sujet sur ce blog. Et puis s’ils se sont avérés des réchauds précieux pour le moral et le cœur, comment véritablement dégager enseignements et observations pertinentes sur chacun d’entre eux ? A moins de rééditer un blog de plus à grand renforts de photos témoins d’une vie sociale riche et joyeuse, et de tuer ainsi tout l’effort critique et curieux d’observer avec sérieux la Finlande à travers l’aventure. L’aspect festif, s’il est peut être le plus riche en souvenirs, ne l’est pas en matière de réflexion. Et pourtant, l’expérience Erasmus est immensément riche de ce point de vue aussi.
Les rencontres à la fête
L’expérience Erasmus est un apprentissage pratique de la tolérance. Si les différences des uns et des autres s’affichent au grand jour, leur compréhension est facilitée par ce contexte de diversité et de curiosité. Et puis la découverte des différences culturelles enjoint à respecter les manies de chacun, aussi agaçantes puissent elles être ! Les Français sont généralement grandes gueules mais respectueux d’une certaine façon de faire et de penser, quitte à subir les préjugés et les tabous, et à illustrer les clichés. Les Italiens sont orgueilleux et excentriques, intriguant les gens de l’Est ou du Nord et agaçant les autres méditerranéens. Les Espagnols sont désinvoltes et fêtards, et donc sympathiques et populaires. Les Hongrois ou les Roumaines sont d’autres latins qu’on ne soupçonnerait pas. Les Polonais ou les Tchèques sont souvent brillants le jour, buveurs la nuit. Les Autrichiens sont sportifs et raisonnables. Les Allemands sont simples et calmes. Les Russes et les Baltes sont belles, et même parfois aguicheuses… Les Anglais n’ont ni tabou ni culture raffinée, et sont généralement dans l’excès dans tous les domaines, pour le pire ou le meilleur. Les Finlandais sont sombres mais généreux. Les Grecques sont parmi tous les plus méditerranéennes, alliant chaleur humaine, épices et gaieté. Les Scandinaves sont les plus modernes, les plus tolérants, quitte à afficher une certaine froideur. Si tout cela n’est d’abord qu’une série de clichés, c’est aussi bel et bien une réalité qui apporte le piment et la gaité de la diversité mise en scène par Erasmus.
La poésie d’Erasmus
Il y a un sens profond à l’aventure Erasmus. Chacun de ses participants le ressent tôt ou tard, légèrement ou intensément. C’est un sentiment, une certitude, un mystère pour ceux qui y sont extérieurs. Erasmus est une aventure à la fois personnelle et collective, qui bouleverse chaque jeune qui l’a vécu. C’est un grand saut désinhibant et vivifiant qui projette chacun dans le vaste monde et le recoin d’humanité qu’on y trouve forcément. C’est une émancipation de la jeunesse, magnifique de valeurs et de conséquences. On ne revient pas à l’identique de quand on est parti. Si par l’indépendance et les épreuves vécues on fait un pas décisif vers l’âge adulte, on a plus que jamais envie de rester jeunes. Oui, Erasmus est profondément poétique. Pour chacun, c’est une révélation.