Ulapland : Mission accomplie

Publié le par Sylvain

A l’issue de mon année universitaire – puisqu’elle le fut aussi – le bilan que j’en tire est partagé entre satisfaction d’avoir rempli les objectifs nécessaires à sa réussite et réflexion sur l’éclatante modernité du système universitaire finlandais, avec un hommage que je rends aux enseignants (moi qui suis pourtant d’ordinaire critique voire acerbe à l’égard de leurs homologues français…)

Retours sur les prestations
Ce serait probablement jugé « néfaste », « dangereux » ou encore « déviant » en France… En Finlande, c’est un système établi sans scrupules. Les élèves peuvent évaluer leurs professeurs, et sont systématiquement incités à remplir un questionnaire de satisfaction au terme d’une série de conférences. L’impact de l’avis des élèves est d’autant plus fort que le nombre d’élèves par cours est réduit (généralement dix à vingt participants à un cours), que l’anonymat des appréciations est systématique, et que les enseignants concernés eux-mêmes, mais aussi leurs supérieurs hiérarchiques, ont accès aux fameux « feedbacks » (traduisons par appréciations, comptes-rendus). Alors poussons l’indécence d’un tel regard critique jusqu’à une petite note sur ce blog. En tout cas je me garderais bien de faire preuve de trop de sévérité à l’égard des enseignants finlandais rencontrés, la plupart fort sympathiques, d’une grande écoute et d’un dévouement spectaculaire. Ces qualités ne sont pas l’ombre d’une quelconque médiocrité, et le sacrifice de la prétention n’est même pas le revers de l’incompétence. A la Ulapland, j’ai rencontré des enseignants aux profils très divers, de l’universitaire très classique – et non moins atypique quand il s’avère qu’il parle une douzaine de langues et écrit ses manuels dans plusieurs d’entre elles – à  l’ex-chanteur d’un groupe de métal finlandais très honorable ayant quitté la scène pour l’estrade du cours de finnois proposé aux étudiants étrangers.

Bouquet final
Les enseignants finlandais, outre de l’humilité, savent faire preuve à l’égard de leurs étudiants d’une grande sollicitude qui contraste profondément avec la distance et la condescendance affichées par leurs homologues français. Une illustration m’en a été magnifiquement offerte dans la toute dernière ligne droite de mon cursus à la Lapin Yliopisto (« Ulapland »). En quittant Rovaniemi avec mes lourds bagages me manquait encore une poignée de crédits ECTS nécessaire à la validation de mon année, et a fortiori de mon diplôme. Je choisissais donc de les conquérir par le biais de la rédaction d’un essai juridique d’une vingtaine de pages, à valider par deux professeurs différents. Ce qui devait me permettre largement de compléter mon butin ECTS. Achevé en France, cet essai a été envoyé par email tard un de ces jours de retour au bercail. J’accompagnais le document d’un bref message à l’intention de chacun des deux enseignants, soulignant mon espoir d’une évaluation rapide de leur part. Ma surprise fut grande et excellente quand le lendemain, en fin de matinée, je recevais le compte rendu d’évaluation du premier professeur, contenant multiples commentaires gages d’un examen approfondi de mon travail. Le second allait suivre dans la journée !

Outre les 60 ECTS, j’ai acquis à la Ulapland des savoir-faire inédits dans mon parcours universitaire en France, et l’expérience de l’adaptation à un système d’enseignement différent et dans une langue étrangère (l’anglais). Au-delà de cet apprentissage, j’ai découvert un système universitaire véritablement moderne et dynamique (il se remet toujours en cause pour progresser ; il est administré avec lucidité et efficacité), mais aussi novateur, comme j’ai pu l’apprécier à travers l’ambitieux principe de « liberté académique » - une réussite selon moi. Au-delà encore, c’est un univers propice au travail, à la réflexion, à l’ouverture, mais avant tout au plaisir d’étudier avec sérénité. De tous ces points de vue, et en comparaison avec le système universitaire français, il me parait fort bien inspiré.

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